10 QUESTIONS À JULIETTE WILLMANN, LA SKIEUSE QUI A SIGNÉ LE FILM DE L’ANNÉE

Juliette Willmann a signé l’un des films de ski de l’année. Programmé par une multitude de festivals spécialisés, dont le mythique ‘Montagne en scène’ ; plébiscité par la critique pour la beauté de ses images, l’humilité de son approche et l’authenticité de son discours ; ‘Rise’ est désormais accessible à toutes et tous. Plus qu’un film, il s’agit d’un voyage initiatique.

En effet, Juliette Willmann – ancienne freerideuse de haut-niveau, biberonnée à la compétition depuis ses premiers virages – nous emmène à la découverte d’un univers qui l’attire de façon magnétique, le ski de pente raide, dans l’écriture du nouveau chapitre de sa vie, plus épanouie.


Plus qu’un film, il s’agit d’une ode à la liberté. La liberté de skier la montagne sur laquelle notre regard et notre envie se portent. Plus qu’un film, ‘Rise’ est une invitation à la réflexion philosophique : qu’est-ce qui fait la beauté d’une ligne ? Est-ce son esthétisme et sa difficulté aux yeux des autres ou la symbolique qu’elle revêt pour soi ? Réponse dans ce chef d’œuvre de 22 minutes produit et réalisé par les talentueux Maxime Moulin et Fred Rousseau.

Mais avant de se laisser happer par la magie du massif du Mont-Blanc, nous posons 10 questions à Juliette Willmann, l’une de nos athlètes historiques chez Therm-ic. Ses choix de vie, le succès du film, ses conseils pour bien gérer sa thermorégulation, son matériel... Tout y passe. Nature-peinture.

« Plus qu’un film, il s’agit d’une ode à la liberté. La liberté de skier la montagne sur laquelle notre regard et notre envie se portent. »

Juliette Willmann

PETITE FLAMME, ULTRA-ENDURANCE & SKI DE PENTE RAIDE

1- Qu’est-ce qui a provoqué cette transition vers l’ouverture d’un nouveau chapitre ? Pourquoi ce choix de quitter le Freeride World Tour ?

C’est une question à laquelle j’ai beaucoup répondu lors de la projection du film ‘Rise’ dans le cadre du festival ‘Montagne en Scène’. Mais je prends plaisir à me répéter car c’est une décision que j’assume et que j’estime avoir été la bonne. Lors de ma dernière saison sur le Freeride World Tour, je me sentais ‘moins dedans’, moins excitée à l’idée d’aller ‘rider’, avec cette impression d’être contrainte : on nous imposait de skier telle ou telle face. Je ne le déplore pas, c’est le principe d’une compétition, mais je manquais de motivation pour aller chercher les bonnes lignes et de hargne pour me dépasser. Comme si je perdais petit à petit la flamme.

Forcément, les résultats qui ont suivi ne furent pas à la hauteur. À l’issue de ma dernière saison sur le FWT, j’ai donc décidé d’arrêter car cela ne me faisait plus vibrer. Avec le soutien de mes partenaires, j’ai alors suivi ma volonté profonde : aller en montagne, pour tester mes limites et voir où mes compétences en ski pouvaient m’emmener.

« Lors de ma dernière saison sur le Freeride World Tour, je me sentais ‘moins dedans’, moins excitée à l’idée d’aller ‘rider’. Comme si je perdais petit à petit la flamme. »

2- Si l’on comprend bien, c’est bien la liberté que tu es allée chercher dans le ski de pente raide...

À la base, je ne me projetais pas forcément dans le ski de pente raide mais plutôt dans un ski fait d’intuition et de liberté : aller rider là où mes yeux et mes envies me portent, sans contrainte de timing ou de face imposées. Ce sont plutôt les conditions qui nous ont poussés à nous adapter et à nous diriger vers la haute montagne afin de trouver de la bonne neige. La rencontre avec le ski de pente raide et notamment l’Aiguille Verte s’est donc faite assez naturellement, comme un heureux concours de circonstances.

« Un ski fait d’intuition et de liberté : aller rider là où mes yeux et mes envies me portent, sans contrainte de timing ou de face imposées. »

3- Quelles sont les principales différences entre ta vie d’avant et ta vie d’aujourd’hui ? En quoi le ski que tu pratiques aujourd’hui se distingue du ski freeride ?

Les changements sont nombreux. Le premier concerne la préparation. Sur le Freeride World Tour, il faut être prête au bon moment, avoir son pic de forme à des dates précises. Cela incite à se mettre une pression dès le début de la saison ; rider le plus tôt possible, dès l’automne ; s’astreindre à beaucoup de préparation physique en salle... Ne plus être soumise à ces échéances me fait envisager l’hiver différemment, de façon plus relâchée. Désormais, j’essaye juste d’être en forme tout le temps, avec beaucoup de sport-plaisir l’été, autour du vélo et de l’escalade.

Ensuite, la deuxième différence majeure réside dans la structuration de mes objectifs de vie. Au début, j’avais peur que l’absence de cadre lié à la compétition soit un peu ‘pomatoire’ : j’avais peur d’errer sans véritable but, de me sentir moins efficace. C’est l’inverse qui s’est produit, je me suis sentie animée d’une énergie nouvelle, plus sereine. Comme si le temps ralentissait. Enfin, et il s’agit ici d’une différence brute entre les 2 disciplines : avant, je pratiquais un sport explosif, où il fallait tout donner pendant 2 à 3 minutes ; désormais, je pratique un sport d’ultra-endurance, où il faut s’engager physiquement et nerveusement pendant des heures, aussi bien à la montée qu’à la descente.

« Avant, je pratiquais un sport explosif, où il fallait tout donner pendant 2 à 3 minutes ; désormais, je pratique un sport d’ultra-endurance, où il faut s’engager physiquement et nerveusement pendant des heures, aussi bien à la montée qu’à la descente. »

4- As-tu déjà tiré des apprentissages de cette nouvelle pratique du ski de pente raide : des leçons prises là-haut, sur le terrain, et que tu peux maintenant retranscrire dans ta vie de tous les jours ?

Le principal apprentissage que j’ai fait, c’est la gestion de l’effort. Comme je l’évoquais, en passant d’un sport explosif à une discipline d’ultra-endurance, je deviens plus résistante physiquement et plus alerte mentalement sur de longues durées. Ça m’a appris à être plus calme au quotidien, plus posée. Dans la vie comme en montagne, généralement, lorsque l’on est relax, les choses vont dans le bon sens : on va plus facilement au-devant des difficultés.

5- Dans le ski que tu pratiques désormais, il n’y a plus de compétition. Mais cela signifie-t-il qu’il n’y a plus de performance ? Dans le cas contraire, quels seraient selon toi les ingrédients d’une ‘performance’ en ski de pente raide ?

On ne peut pas affilier ce sport à de la compétition, en revanche, on peut clairement le catégoriser comme de la performance. La compétition, tu la fais pour te prouver des choses à toi-même, mais également aux autres. En montagne, tu le fais uniquement pour toi. Par bonheur et satisfaction personnels plutôt que par objectif de résultat. Sans chercher de reconnaissance à travers tes lignes. D’ailleurs, avec le recul, cette philosophie me correspond mieux puisque, finalement, je me rends compte ne pas être une compétitrice dans l’âme.

Aujourd’hui, je suis plus zen, je n’ai aucun scrupule à opérer un demi-tour ou à mettre la corde plutôt que de tenter un virage trop engagé. La performance, désormais, je l’envisage comme le fruit d’une belle aventure... Or pour réussir une belle journée de ski d’aventure, il faut : une bonne équipe, une belle montagne et une bonne énergie, le tout saupoudré – si possible – de bonne neige !

« La performance, désormais, je l’envisage comme le fruit d’une belle aventure... »

Juliette Willmann

MONTAGNE EN SCÈNE, COULOIR WHYMPER & GESTION DE LA TEMPÉRATURE CORPORELLE

6- Votre film, ‘Rise’, a été sélectionné dans de nombreux festivals, notamment le célèbre ‘Montagne en scène’. As-tu été surprise par son succès ? Et comment l’expliques-tu ?

Ce que les garçons (Maxime Moulin et Fred Rousseau, producteurs et réalisateurs) ont souhaité mettre en avant, c’est un portrait très brut et authentique : nature-peinture ! Dans ‘Rise’, je me livre sur des questions intimes, sans filtre. Au regard des retours que l’on nous a fait, cela dégage une forme d’humilité, de vulnérabilité et de transparence vis-à-vis de la montagne dans lesquelles de nombreuses personnes se sont retrouvées.

Aussi, on ne va pas se mentir, le fait que je sois une femme a beaucoup joué. Je connais plein de nanas qui font du ski et se révèlent être de grosses machines, mais elles sont moins nombreuses... Pour ma part, je passe par exemple 90% de mes journées là-haut avec des hommes. Il s’agit donc d’un message que j’avais la volonté de retranscrire auprès des petites filles à travers ce film : ce n’est pas parce que c’est un milieu très masculin que ce sport n’est pas fait pour nous !

« Ce n’est pas parce que c’est un milieu très masculin que ce sport n’est pas fait pour nous ! »

7- Justement, tu anticipes notre question : quels sont les messages que tu souhaitais faire passer à travers le film ‘Rise’ ? Et quels retours t’ont le plus touchée ?

Lors des premières réunions de brainstorming, j’ai formulé le vœu de réaliser un film qui parle tout autant à une petite fille, qu’à une grand-mère, un facteur ou un banquier... En revanche, je ne m’attendais pas à ce qu’il soit inspirant au-delà des frontières du ski. Les retours qui m’ont le plus émue sont ceux de personnes n’évoluant pas forcément dans notre univers mais qui m’ont confié que les mots que je mettais sur mes peurs, mes doutes ou mes ambitions, leur évoquaient des situations ou des obstacles qu’ils rencontraient au quotidien. Les retours de femme m’affirmant que mon discours les avait incitées à dépasser leurs craintes en tentant des choses qui les challengeaient et les rendaient heureuses m’a aussi énormément touchée.

« Les retours qui m’ont le plus émue sont ceux de personnes n’évoluant pas forcément dans notre univers mais qui m’ont confié que les mots que je mettais sur mes peurs, mes doutes ou mes ambitions, leur évoquaient des situations ou des obstacles qu’ils rencontraient au quotidien. »

8- Selon toi, quel est le point culminant du film ‘Rise’ ?

On a réalisé de très belles lignes l’hiver dernier – de la face Nord des Dômes de Miage aux Aiguilles Rouges du Brouillard – mais les deux plus mémorables, autour desquelles sont construites le film, demeurent le couloir Whymper et le couloir couturier à l’Aiguille Verte. Ce fut un voyage initiatique, une aventure introspective : j’ai appris comme rarement, notamment sur l’endroit où se situaient mes limites. À la montée, tu es accrochée à une paroi longue de 1500 m de dénivelé positif, avec uniquement des géants perchés à plus de 4000 m autour de toi. J’étais si fatiguée que j’ai paniqué et tétanisé. J’ai rarement autant engagé mentalement que pour me hisser tout là-haut. À la descente, je n’avais jamais skié aussi raide, si bien que j’ai pris des watts comme rarement... C’était aussi difficile que magique !

« J’ai rarement autant engagé mentalement que pour me hisser au sommet de l’Aiguille Verte. »

9- Tu évoques la peur. Aimes-tu ce sentiment de vulnérabilité que tu peux ressentir en haute-montagne ? As-tu un conseil facilement applicable par tout le monde pour justement faire face à la panique qui peut survenir dans ces moments-là ?

Oui, j’aime cette sensation de vulnérabilité, car elle nous rappelle à notre fragilité, à notre humilité et nous fait sentir particulièrement vivants. Mais cette vulnérabilité a ses limites. Je veille donc à ne pas les dépasser, à rester dans la maitrise. J’ai fait beaucoup de préparation mentale pour mieux appréhender mes ‘runs’ sur le Freeride World Tour.

Aujourd’hui, j’en tire tous les bénéfices. J’ai plus de facilité pour gérer ces situations de stress. En guise de conseil, j’évoquerais la respiration ! Concentrez-vous sur votre respiration, inspirer et expirer, tout simplement : cela apporte plus de sérénité, voire une forme d’apaisement !

10- Tu as affirmé qu’il était plus difficile de réaliser un film de ski que de participer à une compétition sur le Freeride World Tour : pourquoi ?

Car c’est beaucoup, beaucoup, beaucoup, d’organisation ! De début janvier à fin avril, tu jongles entre les créneaux météos, les bonnes conditions de neige, les disponibilités de chacun... La part de logistique est conséquente. En compétition, tu es gérée par une structure. Là, c’est toi qui la gères ! Tu es le chef d’orchestre.

Cela insinue plus de charge mentale au quotidien, mais surtout, encore plus de kiff lorsque cela se passe bien. J’ai d’ailleurs le souvenir ému d’une matinée de tournage à La Flégère, à Chamonix, où tout s’est déroulé comme dans un rêve. Une organisation réglée comme du papier à musique : c’était ultrapuissant de satisfaction.

« En compétition, tu es gérée par une structure. Là, c’est toi qui la gères ! Tu es le chef d’orchestre. »

Juliette Willmann

QUESTIONS BONUS SUR THERM-IC & LA THERMORÉGULATION :

Therm-ic est l’un de tes partenaires historiques. En quoi la thermorégulation, c’est-à-dire la bonne gestion de ta température corporelle, est un véritable enjeu dans ta pratique ? Quels conseils peux-tu donner pour bien gérer cette thermorégulation dans le cadre du ski de pente raide ?

La clé – plus facile à dire qu’à faire – c’est d’avoir ni trop chaud, ni trop froid. Tout est question d’équilibre. Par exemple, est-ce que j’entame cette montée avec le petit frisson car je sais que je vais très vite me réchauffer ou dois-je me couvrir tout de suite ? Il n’y a pas de recette miracle : les réponses viennent avec l’expérience.

En revanche, il y a des bonnes pratiques : investir dans du bon matériel de confiance pour s’habiller ; ne pas rester trop longtemps immobile, c’est-à-dire opérer les transitions rapidement ; ne pas craindre d’enlever une couche afin de moins transpirer, car l’humidité est le pire ennemi du skieur... Bien gérer sa thermorégulation est véritablement l’un des vecteurs principaux de plaisir et de performance en montagne.

« Il y a des bonnes pratiques : investir dans du bon matériel de confiance pour s’habiller ; ne pas rester trop longtemps immobile, c’est-à-dire opérer les transitions rapidement ; ne pas craindre d’enlever une couche afin de moins transpirer, car l’humidité est le pire ennemi du skieur... »

Les produits Therm-ic qu’utilisent Juliette Willmann au quotidien et que l’on retrouve dans le film ‘Rise’ :

- Les gants de ski ‘SKI LIGHT GLOVE’ : « Mon ‘must have’ ! Je les trimballe partout. Je les apprécie pour leur efficacité. Ils ont toutes les qualités que je recherche pour des gants de ski : ils sont fins, chauds et dotés d’un très bon grip. »

- Les gants chauffants pour le ski ‘ULTRA HEAT BOOST MITTENS WOMEN’ : « La paire de gants la plus chaude que j’ai jamais essayée. Je ne les utilise pas à chaque sortie, mais ils m’accompagnent sur toutes mes longues journées en montagne. »

- Les chaussettes chauffantes pour le ski ‘ULTRA WARM PERFORMANCE S.E.T®’ : « Ces chaussettes chauffantes sont fines, techniques et assurent un apport de chaleur sur l’ensemble du pied plutôt que sur des zones localisées. Je les allume dès que j’ai froid, je les éteins dès que j’ai chaud. Tout simplement. Cette capacité d’ajustement, c’est un petit luxe hyper appréciable lors des bambées qui s’étendent de l’aube jusqu’au crépuscule. »

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