THERM-IC STORIES #1 : LOURY LAG, LA RELÈVE DE MIKE HORN

 

« Therm-ic Stories, c’est notre nouveau format qui t’emmène aux confins du possible et du planisphère, en immersion dans des aventures hors du commun, là où le défi sportif devient exploit. »

Pour ce premier opus, nous accompagnons Loury Lag dans sa nouvelle mission (presque) impossible : traverser les 3500 km de banquise de l’Océan Arctique, en ski kite, pour faire la jonction entre l’Atlantique et le Pacifique. Un projet complètement fou dont seul « l’aventurier professionnel » de 36 ans, qui « préfère survivre que vivre », a le secret. Pour réussir cette traversée du mythique « Passage Nord-Ouest », en solitaire et par -40°C, celui que beaucoup considèrent comme la relève de Mike Horn devra à nouveau repousser ses limites. Les limites de son corps, de son mental et de son équipement. Pour se préparer à cette aventure et s’entraîner en conditions réelles, Loury Lag s’est rendu en Norvège. Nous sommes allés à sa rencontre, entre deux bourrasques givrantes, au cœur d’un paradis immaculé de blanc et de froid qui s’étend à perte de vue. Une chose est sûre : l’homme est déterminé. Winter is coming, et l’Arctic Mission également. 
 

 « Je préfère survivre que vivre ! » 

 

ARCTIC MISSION, L’ÉPOPÉE POLAIRE 

Loury Lag est à l’aube de l’un de ses projets les plus ambitieux. Rallier l’Océan Pacifique depuis l’Atlantique, en partant du Groënland pour arriver en Alaska, en traversant, en ski kite, cet Océan Arctique qui, durant l’hiver, devient banquise. Un périple long de 3500 km que notre aventurier espère couvrir en moins d’un mois et demi, pour battre le record de 87 jours détenu par Mike Horn, depuis 2019. 

À quelques jours du grand départ, prévu pour le courant du mois de février 2023, Loury Lag se confie sur l’origine de cette mission, le « pourquoi » de cette tentative de traversée de l’emblématique « passage Nord-Ouest » : « En 2020, j’ai accompagné Mathieu Bélanger, un ami aventurier, sur ce segment précis de son projet ICARUS consistant à ascensionner les 7 Summits, c’est-à-dire le point culminant de chaque continent, sans aucun moyen de transport motorisé. Un matin, les Rangers nous arrêtent. Ils nous interdisent de continuer, nous informant qu’un virus frappe la planète entière et qu’une crise sanitaire mondiale menace. Ils nous enjoignent à rentrer chez nous ! Même si nous ne sommes pas directement responsables de cet abandon, je considère cette expédition comme un échec. Un échec qui me reste au fond de la gorge ! » Vous avez dit déterminé, voire obstiné ? 

 


Crédit photo: Benjamin Faure
 

« Rallier l’Océan Pacifique depuis l’Atlantique, en traversant, en ski kite, les 3500 km de cet Océan Arctique qui, durant l’hiver, devient banquise. »

 

LES PLAINES NORVÉGIENNES EN GUISE D’ULTIME TERRE D’ENTRAÎNEMENT 

Les spécialistes du demi-fond mettent souvent le cap sur le Kenya pour peaufiner leur condition en vue d’une échéance olympique. Les cyclistes écument les pentes les abruptes de l’Hexagone afin de faire grimper la forme en amont du Tour de France. Loury Lag, lui, « inscrit dans une démarche de performance semblable à celles des athlètes de haut-niveau afin de maximiser ses chances de réussite », a choisi la Norvège et ses plaines infinies, où règnent la neige, le froid et le silence, pour régler les ultimes préparatifs de son expédition et tester son matériel en conditions réelles. Ou plutôt en conditions extrêmes. Par « -30°C qui deviennent -45°C » une fois la voile déployée et l’oiseau Loury Lag envolé. Dans plus de 60 cm de poudreuse fraîchement tombés qui ralentissent chaque pas mais ne font que renforcer la volonté de celui qui ne se sent « jamais aussi vivant que lorsqu’il s’éprouve dans la difficulté ».  

« La Norvège, par ses grandes étendues et ses lacs gelés, est un paradis pour le ski kite ! » Un superbe terrain de jeu où se préparer spécifiquement à ce qui l’attend sur la banquise en termes de biotope, mais aussi une opportunité pour retrouver ces sensations de glisse et ces automatismes propres à un sport qui revêt une réelle dimension technique. « Dans la mesure où il y a du vent ! » Un bien précieux dont Loury Lag a été privé lors de ses trois premiers jours sur place. Il a alors dû gérer la frustration, accepter la solitude et faire preuve de « débrouillardise », une habilité qu’il a élevé au rang d’art. Et si, ici, après la pluie vient le beau temps, plus au Nord, après l’accalmie se lèvent les vents : « J’ai alors pu m’entraîner comme jamais. En fait non, ce n'était même plus de l’entraînement ! Je me suis juste régalé, j’ai ridé comme un ouf ! C’est extrêmement important de pouvoir s’approprier son matériel en amont, cela permet de gagner des points de confiance. » 
 

« -30°C qui deviennent -45°C une fois la voile déployée et l’oiseau Loury Lag envolé ! »

  

LA GESTION DU FROID POLAIRE

L’un des principaux enjeux auquel sera confronté Loury Lag durant ses 90 jours de traversée, celui qui conditionnera en partie son succès, est la gestion du froid. C’est ici la raison principale pour laquelle ce partenariat avec Therm-ic fait sens. Nous lui apportons ce qui se fait de mieux en termes de thermorégulation, il nous répond par sa soif de grands espaces et son exigence matériel. Là où le petit détail devient grande différence. Là où l’on ne parle plus de vie mais de survie. Toujours proche des limites, Loury Lag pousse nos technologies dans leurs retranchements et incite notre équipe R&D à exprimer le meilleur d’elle-même. Le Bordelais d’origine, désormais installé à Biarritz, se définit d’ailleurs comme un « explorateur 2.0, qui aime utiliser la ‘tech’ pour monter et réussir ses projets ». Il poursuit : « Développer de l’équipement spécifique en amont et catalyser l’innovation me passionne. » Ça tombe bien, nous aussi ! 

Ainsi, pour Arctic Mission, nous avons travaillé main dans la main, de nombreux mois durant pour concevoir le matériel qui permettrait à Loury Lag de réaliser sa mission. Dans sa panoplie : des moufles chauffantes , des chaussettes chauffantes, des vestes chauffantes et une combinaison chauffante intégrale, semblable à celle que revêtait Nims Dai, lors de ses exploits en très haute-altitude.  

L’aventurier, qui possède déjà une solide expérience de survie en milieu extrême, nous partage également quelques conseils passionnants pour « apprendre à gérer le froid ». En préambule, « il faut conditionner son corps à ingérer de 6 000 à 9 000 calories par jour », contre les 2 à 3 000 recommandés habituellement, puisque l’organisme consomme énormément d’énergie pour se réchauffer. Loury Lag détaille : « Je n’ai eu d’autre choix que de planifier, avec mon nutritionniste, une prise de poids de 15 kilos, afin de me constituer la réserve qui me permettra d’aller au bout ! » Impressionnant. Captivant. Aussi, « il s’agit de compter ses efforts, d’être le plus économe possible dans chaque geste, éviter tout le superflu, dans l’optique de transpirer un minimum ». Pourquoi ? « Car la sudation est le pire ennemi du confort dans le froid extrême ! Elle se transforme en une humidité qui, rapidement, te congèle. »
 

« Toujours proche des limites, Loury Lag pousse nos technologies dans leurs retranchements et incite notre équipe R&D à exprimer le meilleur d’elle-même. »

« Je n’ai eu d’autre choix que de planifier, avec mon nutritionniste, une prise de poids de 15 kilos, afin de me constituer la réserve qui me permettra d’aller au bout ! »

  

UAPAPUNAN, LE PREMIER CHAPITRE 

Cohérent, méticuleux, avec de la suite dans les idées, Loury Lag exerce son acclimatation aux températures négatives à deux chiffres depuis l’hiver dernier. En effet, en cordée avec Mathieu Blanchard, l’ultra-traileur ayant terminé 2ème du dernier UTMB, l’explorateur du possible a bouclé, en février 2022, le tour de « l’œil du Québec », le lac Manicouagan, un cratère formé par la chute d’une météorite, il y a plus de 200 millions d'années. Une expédition menée en ski de randonnée, tirant sur plus de 250 km et pendant 10 jours ce traineau-luge répondant au doux nom de pulka qui contenait tout l’équipement et l’alimentation nécessaires à leur survie. 

Se découvrir soi, pour explorer l’autre. Ou l’inverse. S’explorer, pour aller à la découverte de l’autre. Car l’aventure se révèle tout autant un moyen qu’une finalité. En témoigne cette rencontre avec le peuple Innue, ponctuant de manière émouvante ce défi sportif hors-du-commun documenté dans un film : Uapapunan. Bon vent Loury ! 

 

« Une expédition menée en ski de fond, tirant sur plus de 250 km et pendant 10 jours ce traineau-luge répondant au doux nom de pulka. »